INTERVIEW - Pour le Dr Christine Barois *,
psychiatre, une pratique régulière de la méditation peut apaiser et
revitaliser profondément les personnes stressées.
Christine BAROIS. -Oui, et mieux connaître celle-ci nous est de plus en plus indispensable! Nous sommes actuellement sur-stimulés et objets de sollicitations multiples, qu'un philosophe a joliment nommées les «armes de distraction massive»… Bien sûr, il est important de savoir se distraire, c'est-à-dire s'extraire parfois de son travail ou de sa vie quotidienne pour faire varier ses occupations et, ainsi, équilibrer sa manière de vivre. Mais en réalité ce qui nous apaise et nous revitalise profondément, c'est de savoir se mettre en mode «reset» de temps en temps.
En ce sens, vous recommandez de pratiquer la méditation de type mindfulness. Mais avant que celle-ci ne prouve ses effets positifs dans un usage médical, qu'aviez-vous à votre disposition pour aider les patients saturés mentalement?
Les thérapies cognitives. Celles-ci ont montré qu'on peut apprendre à repérer les pensées dysfonctionnelles, celles qui nous pèsent, puis il s'agit de les isoler, de prendre du recul vis-à-vis d'elles pour ne plus en être le jouet. Car ces pensées qui nous affectent («je n'y arriverai pas» ou «je m'y prends toujours mal») ne sont pas les faits.
Souvent les personnes stressées, qui vivent sous une impression de menace chronique, fabriquent trop de cortisol et peu à peu leur anxiété se transforme en dépression. Or, on sait qu'à ce stade le champ mental se trouve littéralement envahi de pensées. Au point que le sujet dépressif ne peut plus dormir, se nourrir, bouger tant il est pris au piège de cette activité cognitive surstimulée. Peu à peu, il perd donc le goût de vivre et, devant chaque plaisir possible, se dit «À quoi bon?».
En quoi une pratique régulière de la méditation peut-elle alors aider?
Il faut déjà que la personne soit en rémission de sa dépression ou de son burn-out. Puis, la première phase va être de lui apprendre, dans une position d'immobilité et d'arrêt dans le silence, avec la colonne vertébrale bien droite, à revenir dans le moment présent. Dès que les pensées de rumination reviennent, se dire «Ok je verrai cela plus tard, pour l'instant je me concentre sur ma respiration». Ramener ainsi son attention au corps, au mouvement régulier et toujours là de l'inspir/expir paraît ardu au début. Mais méditer, c'est comme pratiquer de la brain-gym. Peu à peu, on y parvient de plus en plus aisément et on libère un espace dans son esprit. Par la suite, on pourra aussi repérer ses schémas cognitifs de prédilection: perfectionnisme ou sentiment d'imposture, tyrannie du bonheur, etc. En s'y confrontant de manière régulière, on les transforme en baudruches qui se dégonflent et perdent de leur emprise.
Cela implique une pratique régulière à vie?
Oui, mais qui devient de plus en plus facile. Et surtout, opérationnelle partout. Se mettre en mode «reset», c'est-à-dire aligner en soi les niveaux corps/émotions/pensées en ramenant son attention, peut se faire en trois minutes! Avant une réunion professionnelle, dans un embouteillage, il suffit de saisir l'occasion de ce temps vide et se dire «attente» = «détente!».
* Le Dr Christine Barois, psychiatre, est l'auteur de «Pas besoin d'être tibétain pour méditer! *» Éditions Solar
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