Pratiquer dans de bonnes conditions

Même si le yoga que mon école préconise est propre à chacun (cfr définition du Viniyoga >>terme emprunté à Patañjali qui insiste sur le fait que le yoga, pour porter ses fruits, doit être vivant et adapté à la personne), quelques "règles" vous aideront à créer un climat favorable à votre pratique.

1. Choisir le moment et le lieu
>ne pas avoir le ventre plein (avoir fini votre digestion);
>un endroit sans trop de perturbations sensorielles (sonores, visuelles ou olfactives);
>sur un support solide (pas sur un matelas, une trop grosse épaisseur, etc); la pose d'un essuie ou d'un tapis de sol est la bienvenue.

2. Adapter votre pratique
>les exercices proposés par votre professeur sont à considérer comme une direction mais non un modèle à imiter. Développer l'effort juste et s'adapter sont les maîtres mots de la pratique. Ni trop ni trop peu. Faire avec son corps, sa respiration son mental du moment (vos aptitudes ou besoin peuvent varier d'une heure à l'autre, d'un jour à l'autre, etc selon toutes une série de facteurs) pour habiter une posture, la façonner à votre mesure. C'est la pratique qui s'adapte à vous, et non vous qui vous adapter à la pratique. Soyez bienveillant avec vous et avec votre corps.
>veillez tout au long de vos exercices à garder une bonne posture corporelle;
>vous ne devez pas avoir mal ou vous sentir fatigué; ceci ne veut pas dire que vous devez être dans la paresse ou le non effort (cfr définition de l'asana= ferme/stable et confortable/agréable !);
>il est important de prendre le temps, de ne pas pratiquer dans la vitesse.

3. Pratiquer consciemment
>restez concentré sur votre pratique (soyez présent à ce que vous faites, ne laissez pas vagabonder votre mental, n'agissez pas de façon mécanique, vivez votre séance comme une réelle expérience). La pratique enracine la conscience en soi.

4. Respirer
>respirez par les deux narines et non par la bouche (sauf pour des exercices respiratoires spécifiques);
>l'expiration contracte l'abdomen tandis que l'inspiration ouvre le haut de la poitrine;
>à l'expiration le souffle va du bas vers le haut (bas ventre>sommet du crâne), et à l'inspiration du haut vers le bas (narines>bas ventre);
>votre respiration doit avoir un rythme constant, non saccadé et jamais essoufflé. Aller vers le contrôle de cette respiration.

5. Lier le geste au souffle
C'est le souffle qui guide le geste, le porte et le soutient. On travaille la respiration pour améliorer sa qualité, être conscient qu'elle anime toutes les parties du corps. Le travail du souffle est primordial dans le yoga.

6. En vrac
>il est bon de faire suivre chaque asana d'une petite observation intérieure;
>votre tenue vestimentaire doit permettre une amplitude des mouvements et un confort de pratique;
>il est évidemment idéal de pratiquer quotidiennement, mais être régulier est déjà bien.

Bonnes pratiques !

Pourquoi pratiquer le yoga ?

Accessible à tous
Le yoga ne nécessite pas une condition physique particulière. Les exercices proposés sont des exercices simples pour détendre, recentrer les facultés mentales, mieux respirer, mieux vivre son espace intérieur. Il peut être pratiqué à tout âge. Il est bénéfique aussi bien au sportif de haut niveau qu'à la personne en "petite forme".

Les bénéfices
Le yoga est une attitude de l'ensemble de l'être qui travaille sur différents niveau (corporel, mental, sensoriel et respiratoire). Cette pratique permet d'améliorer la détente du corps tout en le tonifiant, le renforçant et en entretenant sa souplesse.
On y apprend à mieux cultiver sa respiration, à contrôler le souffle et par là à se détendre, se recentrer, améliorer sa capacité d'attention, sa concentration et la sensibilité à son espace intérieur.
Le yoga est avant tout une voie, une pratique d'éveil. Eveil à la conscience de soi, et par là même, éveil à la relation à l'autre. Il s'agit de calmer le jeu des émotions, mieux les réguler et les reconnaître.
En affinant sa sensibilité pour favoriser le lâcher-prise et l'intériorisation, on arrive à mieux se connaître, s'accepter se prendre en charge, le tout avec bienveillance.

La solution intérieure

Vers une nouvelle médecine du corps et de l'esprit
Editions Fayard, 2006
ISBN :2-213-62551-4
>site de l'auteur

Note de l'éditeur :

De plus en plus de gens recourent aux « médecines alternatives et complémentaires ». Du coup, la science s'y intéresse de près et invente de nouveaux modèles pour expliquer la santé, la maladie et la guérison.
Ainsi, l'effet placebo n'est plus considéré comme une anomalie mais plutôt comme la preuve d'une réelle influence de la pensée sur la santé. La psycho-neuro-immunologie dénonce les dangers du stress et insiste sur le bénéfice des émotions positives. La relaxation, la méditation et l'hypnose sont étudiées dans les laboratoires de neurosciences. Les massages et la réflexologie se révèlent efficaces pour stimuler l'immunité. Des méthodes d'éducation somatique comme celles d'Alexander et de Feldenkrais mettent en évidence la mémoire émotionnelle du corps. La chiropraxie et l'ostéopathie agissent sur la « matrice conjonctive » dont les étonnantes propriétés commencent à être élucidées. Le yoga, le tai chi et le qigong mobilisent les mécanismes réparateurs de l'organisme. L'acupuncture produit de véritables effets sur le cerveau. Les pratiques de certains guérisseurs laissent entrevoir la possibilité d'une communication invisible entre les êtres vivants...
A travers ces passionnantes découvertes et le témoignage de son expérience médicale et psychologique, Thierry Janssen nous rappelle que chacun de nous possède d'importantes capacités de prévention et de guérison. Qu'allons-nous faire de cet immense potentiel ? Continuer à nous protéger en produisant et en consommant toujours davantage de remèdes extérieurs ? Ou bien, puiser dans nos ressources propres et nous fortifier en respectant le fragile équilibre entre le corps et l'esprit ?

En quête d'unité

Depuis longtemps, science et tradition font bon ménage en Inde. Ainsi, dès 1924, un centre de recherche biomédicale a été fondé à Lonavla, dans l'état du Maharashtra, près de Bombay. Entièrement consacré à l'étude des effets du yoga sur la santé, l'institut Kaivalyadhama est soutenu par le gouvernement indien et collabore avec des chercheurs du monde entier. Les résultats de ses travaux ont largement contribué à perpétuer la tradition millénaire des yogis.
Bien qu'intimement lié à l'hindouisme et, plus tard, au bouddhisme, le yoga a su préserver son indépendance à l'égard de toute doctrine religieuse. Cela a certainement facilité sa propagation en Occident : aujourd'hui, rien qu'en Californie, par exemple, on estime qu'il y a plus de professeurs de yoga que dans toute l'Inde. Quantité n'étant pas toujours synonyme de qualité, la discipline est parfois dénaturée. C'est dommage car, loin d'être une simple gymnastique aux allures exotiques, le yoga est avant tout un art de vivre, une philosophie au cœur de l'Ayurvéda. En ce sens, il peut être considéré comme une véritable médecine, essentiellement préventive, parfois curative.
Issu de la racine sanskrite yug qui signifie "réunir", le yoga rassemble différentes pratiques destinées à unifier le corps et l'esprit, à intégrer l'individu et son environnement. Equilibre mental et homéostasie physique sont ses objectifs principaux. Comme le qigong chinois, postures, techniques respiratoires et méditation constituent l'essentiel de sa pratique. En Occident, on oublie souvent qu'en plus il convient de respecter un ensemble de règles diététiques, d'habitudes et de comportements, tout aussi importants pour la santé que les exercices respiratoires et les postures physiques. Le yoga devient alors une voie de développement personnel, l'occasion d'une profonde compréhension de soi.

> Thierry Janssen, La solution intérieure. Vers une nouvelle médecine du corps et de l'esprit, p256-257

Yin-yang neurologique

La transmission de l'information émotionnelle positive ou négative au système immunitaire cellulaire ou humoral et à l'ensemble du corps se fait par l'intermédiaire de voies nerveuses organisées, elles aussi, sur deux modes différents. On a longtemps cru que l'activité commandée par ces voies était autonome et incontrôlable par la volonté. Or il n'en est rien : le "système nerveux autonome" est, en fait, modulable par nos pensées et nos émotions.
Tout semble prévu pour permettre un équilibrage subtil entre deux mouvements opposés et complémentaires. L'une des voies du système nerveux autonome, appelée sympathique, active l'organisme en vue de la fuite ou du combat. L'autre voie, appelée parasympathique, provoque au contraire un ralentissement des fonctions physiologiques afin d'économiser l'énergie et de permettre la mise en route de processus réparateurs. Du coup, le système sympathique domine plutôt le jour; la parasympathique prend le relais la nuit. Cependant, à tout moment, notre survie dépend de la capacité d'adaptation de ces deux commandes nerveuses.
Idéalement, il faudrait pouvoir préserver une balance équitable entre la tension sympathique et le relâchement parasympathique. Les taoïstes chinois expriment cela en termes d'énergies : yang, quand la poussée et l'activité du système sympathique se manifestent; yin, lorsque la décontraction et la passivité du système parasympathique s'installent. Pour eux, la bonne santé est le résultat d'un équilibre entre ces forces antagonistes, au niveau tant psychologique que physique. Nous verront plus loin comment ils ont créé une médecine du corps et de l'esprit capable d'assurer le maintien d'un tel équilibre neurologique.
De son côté, la médecine occidentale commence, elle aussi, à s'intéresser aux interactions psychologiques et physiques responsables de l'équilibre nerveux autonome. Ainsi, il a été démontré que l'hémisphère cérébral gauche active préférentiellement le système parasympathique, tandis que l'hémisphère cérébral droit influence surtout le système sympathique. On comprend donc comment la pensée et les émotions influencent le système nerveux autonome et, de là, la santé du corps.
Prenons le cas des pensées et des émotions positives. En activant le cerveau gauche, elles stimulent le système parasympathique : les muscles se détendent, le rythme cardiaque ralentit, la respiration se calme, les vaisseaux se dilatent, la peau se réchauffe, l'énergie est utilisée pour réparer des blessures, le corps récupère de ses efforts. pendant ce temps, l'immunité cellulaire, elle aussi sous contrôle du cerveau gauche, confère à l'organisme une protection particulièrement efficace. Les avantages d'un climat émotionnel serein ne sont plus à démontrer.

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Thierry Janssen, La solution intérieure. Vers une nouvelle médecine du corps et de l'esprit, p67-69